Ses bijoux sont des oeuvres d’art, des pièces qui ont du caractère, des items qui nous font sentir différente. J’ai beaucoup d’admiration pour les femmes qui osent se lancer en affaires par pure passion. Anne-Marie Chagnon est résolument un modèle de réussite inspirante – elle vient tout juste d’ouvrir une boutique au Japon! – et je suis très fière de présenter son profil ici, et d’annoncer que nous collaborerons ensemble pour les prochains mois en mettant de l’avant ses créations dans mes projets. Apprenez-en donc un peu plus sur la designer ici-bas.

Qu’est-ce que le luxe signifie pour toi?

C’est une question à plusieurs sens!
Pour moi, le luxe c’est d’abord immatériel. C’est être avec les gens qu’on aime et vivre un moment où tout est aligné dans le plus pur bonheur!  C’est un moment hors du temps. C’est se choyer.

Côté matériel, le luxe c’est un objet de grande qualité qui apporte, j’oserais dire, une délectation par sa beauté et sa conception hors pair. Un objet qui nous comble d’une manière qui dépasse l’utilitaire. Mais le luxe n’est surtout pas restreint à ce qui est dispendieux! C’est plutôt ce à quoi on accorde une grande valeur.

Comment décrirais-tu ce que tu fais dans la vie?

Je fais vivre des émotions! Je transmets un message à travers la matière que je façonne de façon très instinctive. Pour moi, une œuvre, un bijou, un tableau n’est mûr et prêt à être porté, regardé, expérimenté qu’à partir du moment où je ressens une émotion très forte quand je le regarde.

Je dis souvent qu’on n’est pas obligé de porter un bijou. On est, bien entendu, obligés de porter des vêtements, on a même souvent des consignes sur le genre de vêtements que nous pouvons ou non. Mais les bijoux échappent la plupart du temps à toute règle. On est libre d’y transmettre notre essence. On porte un bijou comme on porte un message. Pour soi-même d’abord, pour les autres ensuite.  Pour moi, faire un bijou, c’est ça.

Quelles sont les premières choses que tu fais en te levant le matin?

J’aime méditer avant d’entreprendre ma journée. C’est une nouvelle découverte pour moi d’intégrer dans mon quotidien cette pratique qui m’apporte beaucoup de répercussions positives.

Qu’est-ce qui te passionne dans ton travail?

Tout! Il y a toujours un angle qui me plaît dans tout ce que j’ai à toucher dans l’entreprise.  J’ai toutefois le privilège de pouvoir maintenant me concentrer principalement sur l’aspect qui me passionne le plus: la création. Car même si l’entreprise a plus de vingt ans d’existence, j’invente, je façonne et je sculpte encore moi-même toutes les pièces qui composent mes bijoux. Et j’ai aussi maintenant du temps pour une autre passion créative: peindre. Beaucoup de plaisir dans mon quotidien!

Qui est ta plus grande inspiration et pourquoi?

L’humain! Toutes les créations humaines. Et l’humain en général. C’est ça qui me fascine.

Il y a bien sûr tout l’univers des arts visuels, de la peinture à l’architecture en passant par la photographie et surtout la musique, qui m’inspire beaucoup. Mais c’est plus que ça. En conversation avec quelqu’un, simplement regarder son style, ses gestes, sa posture, la manière dont tombe ses cheveux sur ses épaules, tout ça peut me donner des idées – et ça c’est seulement le côté extérieur de l’humain! Tout le côté cérébral, comportemental, émotif et émotionnel de l’humain, me fascine tout autant.

Mon travail de la matière est vraiment lié à l’humain, à ses imperfections, à son unicité, à la façon que chacun a d’être différent et beau à sa manière, à la fois étrange et magnifique, toujours remarquable.

Que dirais-tu aux personnes qui aspirent à travailler dans ton industrie?

Persévérer, ne pas avoir de regrets, cultiver son côté ludique, savoir bien s’entourer et déléguer rapidement, ainsi que toujours croire en soi sont pour moi parmi les ingrédients les plus importants pour foncer et s’amuser tout en ayant du succès

Je dirais aussi qu’il est fondamental de garder en tête sa première motivation et d’écouter sa passion. De se dire que les obstacles sont présents pour l’apprentissage et qu’il est inutile de les redouter; on en ressort plus fort et plus aguerri. Et surtout, d’être et de rester authentique. La concurrence ne sert pas à copier mais plutôt à se distinguer.

Y a-t-il des personnes qui t’ont influencée dans ta carrière?

Ma mère, maquilleuse spécialisée dans les effets spéciaux pour le cinéma et mon père, ingénieur, inventeur et chef d’entreprise, ont été des sources d’inspiration dès mon plus jeune âge. Mes parents m’ont toujours incitée à suivre mes passions et à exploiter mes forces : c’est ce que j’ai fait, et c’est tout naturellement que l’entreprise a été fondée. C’est entre autres grâce à eux que j’ai pu me lancer en affaires, en création et dans la vie, avec des bases solides.

Il y a aussi Paco Rabane, de qui traînait dans la bibliothèque familiale une splendide édition format géant de photos noir et blanc. Un livre gigantesque dans mon regard de jeune fille, qui a assurément marqué mon goût et ma vision de ce que peut être un bijou. C’était une édition spéciale sur ses bijoux sculptures, posés sur des femmes tout aussi sculpturales dans des lieux complètements hors normes dans la vision et la connaissance que j’avais du milieu à l’époque. Ses modèles ne portaient d’ailleurs que les bijoux et rien d’autres. Ce livre m’a fascinée! Je l’ai d’ailleurs retrouvé il y a quelques années et il trône sur le mur des inspirations qui est présenté dans ma boutique de l’atelier. Je peux dire que c’est Paco Rabane qui m’a ouvert l’univers des possibilités dans l’univers du bijou!

Quelles sont les plus grandes qualités nécessaires pour faire ce que tu fais?

La persévérance, la passion et l’acceptation que tout ne peut pas être parfait! Il y a également la curiosité, la capacité à déléguer et la confiance en soi et en autrui.  Il faut aussi avoir une certaine forme de naïveté, se dire que même si on peut tout perdre, il faut y aller sans avoir peur. Le goût du risque, si on n’a pas ça, on ne peut pas être en affaires. Et bien sûr, une dose de talent!

Quelle idée préconçue les gens se font-ils de ton industrie ou ton métier ?

Quand on est une artiste, on ne peut pas être une femme d’affaires!

On me dit souvent qu’il est rare qu’un ou qu’une artiste puisse devenir un homme ou une femme d’affaires. Alors que bien au contraire, la plupart des artistes connus sont dans les affaires.

L’autre idée préconçue, c’est que les gens pensent que tout est facile, qu’on est arrivé quelque part très rapidement et facilement. Ils ne réalisent pas que cela fait 20 ans que je suis dans le milieu et que je persévère. Ils pensent que toutes les portes s’ouvrent facilement.

Quel est le meilleur conseil professionnel que tu n’aies jamais reçu?

C’est de croire en soi surtout quand ton métier est artistique. Il faut croire en ton jugement et t’écouter.